Dans le cadre de l’UE2 « Approfondissement disciplinaire »,  l’enseignement  Espaces et sociétés : enjeux historiques et anthropologiques a pour objectif de familiariser les étudiants avec les liens existant entre les sociétés humaines et les espaces dans lesquels elles sont amenées à vivre.

Il sera ici abordé à travers trois grands thèmes : le premier portera sur les cultures écrites et les cultures orales, le second sur les constructions et reconstructions identitaires et le troisième sur la muséologie des sociétés autres.

Au cours de cet enseignement nous traiterons donc dans un premier temps de la création des sociétés étatiques au Néolithique et des différentes apparitions d’écritures qui en advinrent que ce soit au Moyen Orient ou dans le monde grec.

Nous nous intéresserons ensuite plus particulièrement à l’avènement d’une société de l’écrit, celle de la tradition juive et nous mettrons en parallèle le rapport à l’Histoire qu’il induit avec celui qui relève du concept de « mémoire collective », toujours vivace de nos jours au sein des mondes tsiganes. Nous verrons alors que si, dans le sillage d’une anthropologie liée à la colonisation, le concept de temps  mythique est souvent évoqué à propos de sociétés éloignées de l’écrit, il n’en est cependant rien concernant les différents groupes tsiganes, lesquelles sont pourtant dans leur ensemble très peu lettrées.

Paradoxalement, c’est au sein d’un monde très lettré, celui de l’Allemagne des derniers siècles, qu’a pu être élaboré un mythe d’origine du peuple allemand et qui se réfère à de lointains ancêtres venus d’Orient, construction mêlant discours savants et propos politiques sur laquelle les nazis ont pu élaborer leur idéologie racialiste.

A l’opposé de la situation européenne, l’absence d’écritures dans une grande partie de l’Afrique sub-saharienne a oblitéré pendant longtemps toute tentative de construction d’une histoire de ce continent, silence historiographique qui a pu avoir pour effet que, à l’instar de propos récents de responsables politiques, les Africains soient encore souvent perçus comme figés dans un temps immuable, dépourvu d’histoire.  Pourtant, comme nous pourrons en rendre compte, de passionnants travaux historiques et archéologiques permettent depuis quelques décennies de reconstituer un passé africain lointain aussi riche que divers. Ces nouvelles connaissances du passé africain s’inscrivent alors dans la continuité des travaux tout aussi récents relevant de ce qui a pris le nom « d’études post-coloniales » et qui s’interrogent sur les effets de la colonisation, que ce soit autant concernant les  populations colonisées que les nations colonisatrices.

La traite négrière a ainsi provoqué de nouvelles constructions identitaires, que ce soit chez les descendants des dix millions d’esclaves africains qui en on été les victimes, mais aussi, d’une manière plus générale, dans l’ensemble des sociétés vivant en Amérique. Nous verrons alors comment de nouvelles créations musicales, que ce soit en Amérique du Sud ou bien en Amérique du Nord peuvent rendre compte de ces considérables bouleversements culturels.

Enfin, cet enseignement, Espaces et sociétés, abordera la question des représentations muséales de sociétés humaines, qu’elles soient exotiques (Musée du Quai Branly), indigènes (musées de société) ou encore, disparues (musées des génocides de la deuxième guerre mondiale).

Il fera appel aux travaux de chercheurs appartenant à des horizons scientifiques divers tels que Jean-Claude Demoule, Marshall Salhins, Alain Testart (Néolithique), Jack Goody, Anne-Marie Christin (naissance des écritures et cultures orales), Gershom Sholem, Walter Benjamin, Yérushalmi (tradition juive), Patrick Williams, Jean-Luc Poueyto (mondes tsiganes), François-Xavier Fauvelle et Catherine Coquery-Vidrovitch (histoire ancienne de l’Afrique), Edward Saïd, Achille Mbembé, Jean-Louis Amselle (études post-coloniales), Roger Bastide, Serge Gruzinski (Amérique du Sud et Mexique), Leroi Jones, Dubois et de nombreux autres auteurs (naissance du blues et du jazz), Benoit de l’Estoile, Margaret Price, Jacques Henri Rivière (musée du Quai Branly, musées de société), Catherine Coquio, Joëlle Zask, Dominique Chevalier, Sarah Gensburger… (musées de l’extermination).

Les modalités pédagogiques oscilleront entre des présentations d’ordre magistral et des approches relevant de la pédagogie active, ceci afin de favoriser une meilleure appropriation de l’enseignement par les étudiants.

L’évaluation prendra la forme d’un contrôle continu.

 

Jean-Luc Poueyto, anthropologue (ITEM) et enseignant-chercheur à l’UPPA, est auteur de nombreuses publications portant sur les mondes tsiganes et sur la question des cultures écrites et orales. Il a également publié des travaux sur le jazz, le blues et le rock et dirigé un séminaire sur la muséographie des camps d’internement de la deuxième guerre mondiale.